Depuis quelques années, ces termes sont apparus dans la bouche de dirigeants qui adorent « classer » les personnes qui contribuent à la richesse de leur entreprise. Si les trois premiers qualificatifs font référence à des caractéristiques comportementales et cognitives supposées de chacun de ces animaux, « Saucisse » fait référence à l’indolence physique et « Blaireau » à une faiblesse intellectuelle certaine : borné, conformiste, niais, dit même le dictionnaire Larousse.
Michel Hervé, fondateur dirigeant du groupe éponyme, est plutôt partisan de la première trilogie. Il recommande à ses « managers » de repérer dès que possible ces trois animaux avec l’objectif de développer les premiers, tenter d’éduquer les seconds et tout faire pour se séparer des derniers.
Étonnant quand on sait que cette entreprise a longtemps été citée comme exemple dans le monde dit de l’entreprise « libérée » où il n’y a plus de « chef » mais seulement des « intrapreneurs » responsables, qui prennent des risques mesurés et décident collectivement des actions à mener. Comme quoi, dans toute basse-cour, il existe toujours des canards boiteux.
Pour d’autres dirigeants, le mépris demeure une valeur sûre.
Inutile de convoquer Brigitte Bardot ni Jean-Luc Godard pour le dispenser autour de soi. Il est semble-t-il pratiqué par certains dirigeants comme technique de motivation des troupes.
Le raisonnement est le suivant : plus je te méprise, plus tu te rebiffes car tu sais que tu le vaux bien. Plus tu te sens déprécié, plus tu cherches à donner ton meilleur, pour montrer ce que tu vaux réellement. Et voilà, le tour est joué. C’est alambiqué, mais les managers qui le pratiquent, en sont très fiers.
Par exemple un patron de PME avait pris l’habitude de qualifier ses salariés hommes de « Blaireaux » et les femmes de « Saucisses ». Termes d’une élégance et d’une finesse rares.
Seulement, un beau jour de printemps, un Blaireau et une Saucisse ont claqué la porte et créé leur entreprise. Avec l’expertise acquise et d’autres méthodes de management, ils ont repris une partie de la clientèle. Ils se démènent depuis sans compter et donnent à coup sûr le meilleur d’eux-mêmes. Ils ont failli appeler leur entreprise « Saucisse et Blaireau » mais, après réflexion, ils ont retenu une enseigne plus professionnelle.
Croyez-vous que le patron ait changé de méthode ? Certainement pas ; il a même transmis ses bonnes pratiques à ses héritiers.
Si on vous dit Mouton, Renard, Blaireau ou Saucisse, vous savez ce qu’il vous reste à faire : quittez cet environnement professionnel toxique.
Mouton, vous allez tout de suite arrêter de vous faire tondre la laine sur le dos.
Renard, mettez à profit vos qualités, finesse, agilité et rage de réussir.
Saucisse, répondez sèchement que vous êtes dure à cuire et en partant, suggérez à votre patron d’aller plutôt se faire cuire un œuf.