Le voyage ou la destination ?

Le voyage d’Ulysse

Vous avez déjà entendu cette formule fréquemment citée. Les exégètes de la toile se disputent d’ailleurs sur sa parenté, peu importe. Une première remarque essentielle, c’est que le voyage peut être long, très long – Ulysse en sait quelque chose – alors que la destination est un événement.

Selon Carol Dweck professeure de psychologie à Stanford, il existerait deux types de personnalités : ceux qui pensent que le talent est inné – on en a ou on n’en a pas – et ceux qui pensent que le talent se construit et se cultive.

Salvador Dali

Les premiers sont focalisés sur le résultat alors que les seconds apprennent et progressent sur le chemin. Les premiers avancent grâce à leur talents et dès qu’ils sont reconnus, ils ont tendance à ne plus prendre de risque, à rester dans leur zone de confiance pour conserver leur aura de personne talentueuse.
Les seconds progressent sur leur chemin tant qu’ils y sont encouragés.
Il semble que ce soit similaire dans l’entreprise. Il y a celle qui recrute à prix d’or des « stars » pour apporter de la réussite car ils ne croient pas aux besogneux ni aux sans grade et celle qui promeut des personnes qui ont le feu sacré car elles réussiront un jour, de plus en plus et de mieux en mieux. La première sanctionne l’échec, la seconde encourage la prise de risque et l’apprentissage. La première se focalise sur le résultat, la seconde apprend des erreurs et des réussites pour affiner les processus gagnants.
Dans l’enseignement français, que croyez-vous qu’on ait choisi ?

Au comice agricole

La focalisation sur le résultat transforme nos élèves en bêtes à concours, comme au comice agricole. Ceux et celles qui réussissent, se croient les meilleurs, accèdent vite à des postes en vue et s’y cramponnent leur vie durant. Vous remarquerez, que nombre de réussites industrielles ou commerciales sont plutôt le fruit d’entrepreneurs que de bêtes à concours.


Comment développer une culture du voyage dans votre entreprise ?
Valorisez la passion, dit Carol Dweck dans son ouvrage Growth-Mindset Organizations , l’engagement, la ténacité, le courage, la volonté d’apprendre, le travail collectif, les processus gagnants.

Et j’ajoute, utilisez une arme de progrès massif qui s’appelle le feedback positif. La récompense et la sanction sont sur le résultat, c’est-à-dire une seule fois à l’issue du voyage. Le feedback est l’encouragement nécessaire sur le chemin, sur chaque pas de celui-ci, c’est-à dire permanent. Si vous pensez que vos collaborateurs sont payés pour réussir et qu’ils n’ont pas besoin d’encouragement, repensez aux premiers pas de votre bébé – ou de votre neveu. À peine aura-t-il lâché votre main, il s’écroulera par terre sans grâce alors que toute l’assemblée applaudira et lui criera, bravo, bravo, super, c’est bien… alors qu’objectivement, c’est nul. La seule différence, c’est que vous avez la certitude, qu’il marchera un jour prochain. Et si vous aviez la même certitude concernant vos collègues et collaborateurs ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.